[Aphrodite Hedström] Pourquoi j'ai tué Aphrodite

C’est vrai ça… pourquoi hein ?

Avant de répondre à cette question, souvent posée par les lecteurs, il convient de préciser quelques points.

U.D.C. est née dans ma cervelle fin 2003 sous la forme d’un embryon, dont le seul destin était de demeurer accroché dans la matrice d’un disque dur et de vivoter au gré de mon imagination et de mon inspiration. A cette époque, l’idée même que cela puisse devenir autre chose que des mots et des phrases plus ou moins agencés entre eux, que la matérialisation d’une vague histoire qui – il faut bien l’avouer – n’était rien de plus que la satisfaction d’un fantasme personnel de mettre en scène des jumeaux sexy en diable et «torturables» à volonté, bref, cette idée n’était pas encore sortie du néant.

Partant de ce principe, non seulement cette histoire n’avait pas de fin ni de scénario précisément défini, mais aussi et surtout n’avait aucunement vocation à être liée de près ou de loin avec le Saint Seiya qu’on connaît.

(D’ailleurs, petite anecdote au passage, en ce qui concerne son titre, je l’ai trouvé en catastrophe quand m’étant mise moi-même devant le fait presque accompli de mettre cette histoire en ligne, je me suis rendue compte qu’il en fallait un, de titre. Ceci explique d’ailleurs qu’ayant eu des difficultés à trouver un intitulé à peu près potable, je n’allais pas en plus me creuser la cervelle pour en trouver pour chaque chapitre. Faut quand même pas pousser).

Bref. N’ayant aucune espèce d’obligation vis-à-vis de l’œuvre d’origine, c’est mon imagination qui a fait le plus gros du boulot. Et dans le continuum d’où U.D.C. est extrait, et bien, il n’y avait pas d’Aphrodite. Je sais, c’est balot.

Tout ça, c’est à cause de Kurumada. Et de la TOEI. Et de AB productions. Oui, il faut bien que ce soit la faute d’un quidam et comme je suis quelqu’un de fondamentalement sympathique, je distribue les responsabilités de façon équitable.
Sans rire. Quand, à douze ans, on vous fait le coup de vous sortir un chevalier d’or dont la première apparition récolte une voix française féminine, ce dont vous ne doutez pas une seconde en voyant ledit personnage avec du rouge à lèvres, une mouche au coin de l’œil et un prénom qui vous fait vaguement penser à quelque déesse grecque prompte à la bagatelle, faut pas s’attendre par la suite, à ce qu’on vous fasse avaler que, finalement, c’est un homme. Narcissique qui plus est. Et du côté des «méchants» pour couronner le tout.

Aphrodite ne m’a pas laissé un souvenir des plus impérissables, je l’avoue. A tel point que je me suis empressée de l’écarter de l’univers que je me suis amoureusement constitué, parce qu’en tout franchise, je ne voyais absolument pas quelle place je pouvais bien lui y réserver.
En effet, on ne sait rien de ce personnage, si ce n’est une propension maniaque à faire du jardinage et une passion confinant à l’obsession concernant son image. Enfin, du moins c’est ce que l’on a voulu qu’on en retienne, et force est de constater que je suis bon public.

Aussi trouver un background à Aphrodite, une personnalité solide, quelque chose à faire de lui pour le rendre intéressant relevait à mes yeux d’un défi insurmontable… jusqu’à ce que j’atterrisse sur le forum Saint Seiya en 2004. Je me suis alors rendue compte, à ma grande stupéfaction que, oui, Aphrodite pouvait receler une symbolique et des attraits méritant une attention particulière, susceptible de constituer un terreau pas inintéressant en matière de développement. Mince alors.

Le problème, c’est que je l’avais déjà tué dans U.D.C.. Oui, un relent de bonne conscience m’avait quand même poussée à justifier son absence de la manière la plus simple qui soit, et la plus expéditive. On ne se refait pas. Par ailleurs, U.D.C. avait entamé son petit bonhomme de chemin, et j’avais commencé à entrevoir une suite à une première partie qui au départ ne devait être, je le rappelle, qu’une ode enflammée à deux grands benêts dotés d’une abondante crinière bleutée.
Les personnages étant ce qu’ils sont dans U.D.C., et chacun ayant pris ses aises dans l’histoire sans que je ne leur demande rien, le lien unissant Thétis à son oncle mystérieux a peu à peu revêtu une certaine importance, de par les conséquences qui en découlent pour la demoiselle. J’ai commencé à me poser des questions métaphysiques quant à l’absence sans cesse plus présente d’Aphrodite, jusqu’à ce que quelques échanges avec une lectrice ne provoquent le tilt libératoire. Enfin, je le tenais mon background ! Enfin, j’allais pouvoir redonner une place méritée à ce personnage ! Enfin, j’allais pouvoir boucler la boucle. L’annexe 4 matérialise la solution en question, sous la forme d’un extrait de journal rédigé par Aphrodite.

Vous me direz, j’aurais pu le ressusciter… mais cette ficelle (qui a dit facilité ?) scénaristique étant déjà dévolue à quelques autres, cela aurait eu un effet too much du plus mauvais genre. De plus, deux chevaliers des Poissons, on aurait été bien embêté. Enfin, je l’aime bien, notre Aphrodite… et je l’aime encore plus quand il est mort. Dites-vous que lui, au moins, je ne le torturerai plus. Il a déjà donné.