Le crossover auquel vous avez échappé

J’en vois déjà quelques uns dans le fond qui ouvrent un œil circonspect : «Hein… quoi ? Un crossover ?! Ah oui, quand même, elle est atteinte à ce point là…»

Tout d’abord, petite définition pratique à usage des néophytes. Un crossover est une pratique relativement répandue dans le fandom consistant à entremêler deux univers distincts qui a priori n’ont pas franchement de raison de l’être. La réussite et notamment la pertinence d’un tel challenge tiennent pour beaucoup au talent de l’auteur en terme d’aptitudes «plumistiques», mais également aux liens parfois ténus que son esprit retors parviendra, en usant de ressources insoupçonnées, à mettre en exergue de telle manière à ce que cela se mue en une évidence pour le lecteur. Autant dire que de ce point de vue, les fanfictions réussies ne courent pas les rues.

D’ailleurs, c’est bien pour cette dernière raison que je me suis très sagement abstenue, considérant que l’idée délirante qui m’avait effleuré l’esprit dans un moment d’égarement était tout sauf intéressante et exploitable.
Il n’empêche qu’ayant, au détour de quelques allusions, amorcé la chose dans les débuts d’U.D.C., je me dois de vous en faire part, histoire de ne pas être toute seule à me gausser dans mon coin.

La belle plante blonde qui supporte le très brouillon et bouillonnant Aiolia, et répondant au prénom de Jane, ça vous rappelle quelque chose ? Oui, bien sûr, sauf que peut être, le chapitre 4 est un peu loin, celui où elle apparaît pour la première fois…

«Il savait qu’elle avait deux sœurs et que le trio détenait un secret militaire par leur père, qui avait fait tatouer la solution de l’énigme sur le dos de chacune de ses filles, ce qui les obligeait à vivre constamment séparées les unes des autres. Drôle d’histoire, quand même…»

Nombre de lecteurs ont détecté au travers de cette phrase une allusion à l’anime Cobra… Bon, d’accord, les moins jeunes des lecteurs, je vous l’accorde ! Mais quoi qu’il en soit, c’est effectivement le cas. Et à vrai dire… il s’agissait à ce stade de l’histoire bien plus que d’un clin d’œil contrairement à ce que j’avais signalé à l’époque. Si les Portes n’étaient alors qu’un vague concept potentiellement intéressant dont j’étais très loin d’avoir entrevu les possibilités, elles (Elles ?) avaient au moins le mérite de se caractériser par un aspect assez précis dans ma tête, un aspect proche de ce que j’en ai décrit dans la seconde partie de U.D.C. mais différent.
Des arabesques, certes… mais en forme de papillon.

L’idée abracadabrante que j’avais eue au départ était la suivante : faire intervenir les trois sœurs en tant que «clés» pour agir sur les Portes, ou plutôt en tant que «verrous». J’ai été (et suis encore) une grande fan de Cobra, et depuis toute gamine, l’histoire des trois tatouages à combiner pour résoudre un mystère m’a toujours fascinée. Allez savoir pourquoi.
C’est la raison pour laquelle Jane a fait son apparition dans l’histoire, et que ses deux sœurs y sont également évoquées (et il faut bien avouer qu’en relisant la première partie de U.D.C., parfois, je me dis que franchement… il y a du grand n’importe quoi là dedans). Mine de rien, cette possibilité m’avait faite cogiter, d’autant plus que ces trois sœurs, ça faisait un moment que je les traînais (et si je cherche bien, je devrais d’ailleurs pouvoir retrouver le texte de la rencontre entre Aiolia et Jane, qui doit être écrit depuis pas loin d’une dizaine d’années…) à telle point qu’elles étaient tout à fait familières de l’univers global d’U.D.C.. Dans la pratique, je ne pense pas que j'aurais rencontré de difficultés majeures pour les laisser occuper une place plus importante au fil des chapitres, si je m'en étais tenue à mon idée initiale.

Néanmoins, au fil de l’avancement, je me suis rendue compte du ridicule de la chose. Enfin, ridicule... Tout est question de point de vue. Je n'avais pas prévu non plus que tous les personnages en arriveraient à prendre autant de place dans l'histoire et pour y être confrontée depuis trois ans, je confirme que gérer quatorze profils principaux et une petite dizaine de secondaires, ça n'a rien d'une sinécure.
Bref ce qui aurait pu être un crossover est passé au second plan, pour finalement se muer en ce qu’il est aujourd’hui, à savoir un clin d’œil. Et heureusement. Et oui. Sinon… comment aurais-je pu torturer ces pauvres personnages avec autant d’entrain et de conviction, je vous le demande...