mardi 30 décembre 2008

[Saga & Kanon Antinaïkos] Méandres psychotiques



Pour ce dernier billet de l’année 2008, et avant le pavé “bilan” prévu dans les prochains jours, je souhaitais revenir sur un aspect finalement assez peu développé dans UDC, et à peine évoqué dans la première partie, à savoir les petits “soucis” psychologiques de Saga. A noter qu’il s’agit là d’un des nombreux points issus de l’œuvre support et réutilisés dans UDC.

Sur la base du manga et de l’anime, deux hypothèses s’opposent – ou se complètent, ça dépend du point de vue – depuis toujours, à savoir : possession ou schizophrénie pour notre deus ex machina préféré. On remerciera pour les heures passées à débattre et à frôler sans cesse le point Godwin, et Kurumada qui a laissé planer le doute, et l’anime avec ses extrapolations plus ou moins hasardeuses (on se rappelle “l’ombre” qui s’échappe du corps de Saga à la fin de la bataille du Sanctuaire).

Pour ma part, si ma préférence est allée dès le départ vers la maladie mentale (et je vous épargne le chapelet de mes arguments en faveur de cette hypothèse, non, ne me remerciez pas), l’autre possibilité ne me dérange pas outre mesure. Ne serait-ce que pour l’exploitation qui en a été faite dans le fandom, tous supports confondus. Il faut bien avouer que cette option, on ne peut plus alléchante, ouvre des perspectives infinies en terme de torture psychologique, de quiproquos divers et variés, et de décorticages tous plus affinés les uns que les autres.


Néanmoins, même si mon cœur avait penché pour cette hypothèse, je ne l’aurais pas utilisée dans UDC de toute manière, pour la simple et bonne raison que l’histoire est axée sur un discours réaliste et que la possession, pour le coup, aurait quelque peu fait tâche. Et là, vous pouvez aussi me dire que mon inconscient a du faire tout le boulot bien avant, et vous n’aurez sûrement pas tort.

Donc, maladie mentale. Mais pas schizophrénie. Je m’explique : je sais que j’ai employé ce terme - dans le chapitre 2 ou le chapitre 3 si je ne m’abuse – mais avec le recul, j’ai fini par me rendre compte qu’il n’est pas très approprié. Plus j’y pense, plus je remets en perspective tout ce que j’ai pu écrire sur les événements antérieurs à UDC, pour finalement réaliser que le Saga d’UDC était tout à fait conscient de ses actes. Or, peut-on dire qu’un schizophrène possède la connaissance parfaite de “ses” comportements, à chaque instant ? Je n’ai pas la réponse à cette question (Achille, si tu passes par là…) mais cela me semble difficilement envisageable.

Dans le cas du Saga d’UDC, il apparaît que l’assassinat de Shion, la poursuite d’Aioros, la mainmise brutale et sans concession sur le Sanctuaire sont des actes réfléchis, ou du moins conscients. Quant à les assumer, l’histoire démontre toute la difficulté de la tâche, mais ce qui nous intéresse ici est leur appréhension à l’instant t. Et de ce point de vue, il semblerait que la raison de Saga ait été altérée, dans le sens où à certains moments, il a perdu de vue jusqu’aux notions les plus élémentaires de bien et de mal (“et puis d’abord, c’est quoi, le bien et le mal ?”… Oui, mais non. Pas maintenant. On aura l’occasion d’en reparler) dans les conditions de réalisation de ses objectifs.





En ce sens, le passif de Saga dans UDC repose sur le postulat qu’il a voulu prendre le pouvoir avant qu’il ne soit confié à Aioros. Il ne s’agissait pas seulement d’un souhait de sa part, mais d’un objectif réel à atteindre. Conscient et affirmé. Et qu’il atteint en faisant preuve de ruse, de fourberie et d’une incroyable violence laquelle se répercute contre le Sagittaire, puis Kanon.







A mes yeux, le personnage est entier et indivisible (si on fait abstraction de son jumeau, on est bien d’accord), mais sa raison est déséquilibrée dans le sens où ce qui s’harmonise naturellement chez un individu normalement constitué et surtout pourvu d’une éducation dite “normalisée”, ne fonctionne que par à-coups dans son cas. Il est atteint d’une sorte… “d’amoralité chronique”, laquelle ne l’empêche pourtant pas de réfléchir et aussi et surtout d’éprouver des sentiments somme toute dramatiquement humains.

Et c’est sans doute là que le bât à la fois blesse mais soigne, aussi paradoxal que cela puisse paraître Outre le fait que cela accentue la nation de déséquilibre, l’amour qu’il a su éprouver à certains moments sous diverses formes (pour sa mère, son frère, Rachel) l’a amené progressivement vers le remords, et de fait un rééquilibrage de sa raison. Si l’amour ne s’appuie sur aucune forme de réflexion logique, le remords, lui, en descend en droite ligne, car il est indissociable des notions de bien et de mal.

Une deuxième chance pour celui qui a su se retrouver lui-même : un vœu très utopique s’il en est mais là est tout l’avantage d’écrire des histoires. On peut bien, parfois, y glisser quelques notes d’espoir insensé.

En vous souhaitant à tous une excellente année 2009 !


PS : pour les fanarts qui illustrent ce billet, je pense que le premier est issu du site Dust 401 (sans certitude), quant aux deux autres, ma foi, si vous savez, n’hésitez pas à le dire.

3 commentaires:

  1. Sacré sujet pour la fin de l'année : ce qui se passe dans la tête de Saga... Quel qu'il soit d'ailleurs...

    J'aime bien les définitions et descriptions que tu donnes. J'adore les illustrations. C'est un joli billet.

    Bonne fin d'année, à l'an prochain.

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  2. Coucou... lu ton billet... et comme il fallait bien que je réponde à l'interrogation qui s'adresse directement à moi, je met mon costume de prof et je vais au tableau noir.

    Ce qui caractérise la schizophrénie, c'est la rupture (en médecine on dit la dissociation) de l'esprit qui entraîne des troubles du cours de la pensée et du rationnalisme morbide (cad une façon d'expliquer les évènements par des idées qui n'ont pas de sens ou de réalité ou de cohérence entre elles).

    En ce sens Saga n'est pas schizo... que ce soit dans l'animé ou dans UDC.

    Si maladie mentale il y a laquelle est ce ?
    Ben dans UDC on pourrait simplement le voir comme un trouble de la personnalité psychopathique (personnalité antisociale) lui donnant l'envie de quelque chose et faisant peu de cas des moyens pour obtenir la sus dîte chose. (un peu comme un Guy George sauf que l'objet de son désir n'était pas une femme mais le pouvoir).
    Pourquoi pas... Sauf que la personnalité est censée rester stable toute la vie que là, la bestiole eh ben il a un peu plus de recul alors non.
    Sinon on aurai l'explication la plus "rationnelle" celle de l'explosion maniaque dans le cadre d'une psychose maniacodépressive et Aioros qui en fait les frais et la dépression qui suit derrière.

    C'est ça qui me satisfait le plus... Et puis si jamais il était sous Lithium (qui est le traitement thymorégulateur unique des années 80) sache que ce produit a une toxicité hématologique ... et pourquoi pas penser qu'il puisse être à l'origine de sa leucémie.

    Bref... Je pense que Saga est un bon vieux bipolaire ... et c'est marrant de se dire que lorsqu'il a viré son alter ego (celui qui l'équilibre quand il a fait son virage maniaque) l'autre de plutôt "maniaque" est devenu dépressif en patagonie. Et que lorsqu'ils se sont finalement retrouvés Saga est redevenu plutôt dépressif et l'autre plutôt maniaque mais le tout dans l'équilibre de leur couple de psychopathe...

    Je m'exprimerai mieux si besoin plus tard mais là je suis pressé


    @ bientôt.

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  3. Ngah, mon Saga (oui je rattrappe mon retard XD)

    Le 2e fanart est sublime, tu l'aurais en un peu plus grand ?

    Et sinon, contente de voir que la psychologie de tes personnages te tarabuste toujours autant XD Et que tu nous ponds des petits articles bien savoureux de temps à autre...

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