samedi 10 novembre 2007

Insane readings [1]


Le fandom écrit Saint Seiya se caractérise par une production tendancieuse largement marquée, ainsi qu’en attestent les mises à jour régulières sur www.fanfiction.net. Je veux bien évidemment parler de la connotation yaoi plus ou moins prononcée de la majorité des récits qui y sont hébergés.

Trouver des fanfictions de qualité sur ce thème au coeur de cette production pléthorique relève du parcours du lecteur combattant, soucieux de dénicher les quelques perles qui s’y cachent obligatoirement tout en louvoyant avec précaution entre les ramassis de fautes d’orthographe d’un côté et les tas de PWP (“plot, what plot” : “un sujet, quel sujet”) de l’autre.

Bref, mission impossible… ou presque.

Et pourtant. Première fanfiction d’un florilège millésimé…

«Space Dementia» d’Alake

L’une des seules fanfictions yaoi au long cours que je suis assidûment pour trois raisons principales : la première tient à la régularité de l’auteur pour ce qui concerne ses mises à jour, la deuxième à la forme et au style, et la troisième – attention, tenez-vous bien – à ce simple fait, pourtant loin d’être une évidence pour tous les auteurs du genre, qu’elle repose sur un scénario solide et travaillé, qui ne doit rien au genre dans lequel le récit est classé.

Pour ceux qui en doutent encore, oui, l’auteur est une inconditionnelle de Muse ; néanmoins, le titre qu’elle a choisi pour son histoire a bien moins à voir avec le groupe britannique qu’avec le thème central du récit.

Fanfiction dite “post-Hadès” – détail anecdotique s’il en est, il fallait bien que cela prenne corps à un moment donné ou à un autre de l’histoire, et il faut bien reconnaître qu’avant, les chevaliers d’or n’ont pas eu une minute à eux – et illustrée par Jayle (le dessin présenté plus bas est d’elle), elle est centrée sur l’élite de la chevalerie, revenue par la grâce de la volonté divine, et au complet s’il vous plaît. Parce que sinon, c’est moins drôle. Encore que… “drôle” n’est pas le qualificatif que je choisirais en premier lieu pour qualifier cette histoire. Ca part plutôt bien pourtant. Plus la moindre petite guerre sainte à l’horizon, Athéna dans le giron des ses bronzes chéris, le lot étant sagement rentré (qui a dit “exilé” par l’auteur ?) au Japon, des chevaliers d’or qui se retrouvent tout à coup fort désoeuvrés, ce qui, ma foi, n’a pas l’air de les déranger plus que ça. Ils ont bien gagné le droit de profiter de la vie après tout… Une belle bande de naïfs, s’il en est. Surtout deux, j’ai nommé Saga et Kanon. Parce qu’évidemment, ce sont ces deux là, et surtout le cadet, qui vont cristalliser les emmerdements qui s’apprêtent à dégringoler sur leurs têtes à tous.

Et comme l’auteur voue une admiration sans bornes aux jumeaux, je vous laisse imaginer le raffinement de ce qu’elle leur a réservé, selon le bon vieux principe du « qui aime bien châtie bien ».

Oui, “Il” est revenu. Et “Il” a des comptes à régler. Mais est-ce bien de sa seule volonté ? A-t-“Il” raison de se persuader qu’“Il” mène la danse ? Rien n’est moins sûr, surtout quand le danger naît de l’innocence…

Alake a réussi ce prodigieux tour de force qu’est de parvenir à créer un scénario dans l’esprit Saint Seiya, tout en le plaçant dans un contexte yaoi. A mon sens, ce dernier finit par s’effacer très rapidement derrière le développement de l’histoire et des circonvolutions psychologiques des protagonistes. Certes, quelques galipettes annexes sont au rendez-vous, pour le plaisir des yeux et de l’imagination, mais au final, c’est tellement bien rédigé qu’on lui pardonne ces digressions gratuites, vu leur saveur délicieusement polissonne. L’auteur désamorce également à l’occasion le côté “angst” très prononcé de son histoire grâce à son style inimitable et à un brio forçant le respect pour tout ce qui concerne et son sens de la répartie, et le désamorçage de nombre de clichés littéraires. Les introspections de Kanon sont souvent un pur moment de bonheur à lire… malgré leur complexité et la souffrance qui s’en dégage.

Dernier point, et non des moindres à mon sens, la solide culture JDR d’Alake lui permet d’élaborer et de développer des analyses intéressantes dans le cadre de son récit, parmi lesquelles on retiendra principalement sa théorie relative au cosmos et à sa manipulation, “la Toile”, et son hypothèse concernant les tenants et les aboutissants de la double personnalité du signe des Gémeaux (puisque c’est ce qu’elle a privilégié). A cela peut également être rajoutée la grande facilité avec laquelle elle se sert des fondements de Saint Seiya, pour les enrichir, notamment par le biais de la création de nouvelles attaques pour certains chevaliers d’or, lesquelles attaques s’avèrent particulièrement pertinentes et en adéquation avec leur propriétaire.

Une fanfiction que je conseille, pour peu que le genre ne vous rebute pas, que vous ayez un peu d’humour mais aussi le cœur bien accroché, tant pour le scénario que pour la qualité de l’écriture. Ce serait vraiment dommage de passer à côté de cette petite merveille.

7 commentaires:

  1. OH. MON. DIEUUUUUUUUUUUUUUU.

    Je sais plus où me mettre.

    Kyah.

    Alors voilà, je me pointe en ce dimanche matin au réveil sur mon pc, je viens voir sur ton blog si y'a du nouveau (va d'ailleurs falloir que je commente l'article sur Camus avant qu'il passe aux oubliettes :P) et je me réjouis de voir un article tout beau tout chaud sorti du four... Et là...

    *_____________________* Ca parle de moouaaaaaaaaaaaaaaaaa !!! Et en des termes plus qu'élogieux. Sérieux, je dois avoir la tête d'une tomate bien mûre. Alors bon, la prochaine fois que j'ai un coup de soleil je t'appelle, y'a pas mieux que toi pour passer de la crème... (non pas que ça me dérange, mon ego est merveilleusement brillant et gonflé en ce magnifique dimanche matin de Novembre ^^)

    Fin bon, une partie de moi est fière comme un paon, et l'autre se demande encore si je mérite tous ces éloges... alors un énorme merci pour cet article, et je recommande chaudement le site de ma très chère Jayle : http://membres.lycos.fr/sylphania/, empli de merveilles (et d'autres illustrations de Space Dementia accessoirement :P)

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  2. Vous allez certainement dire que sur le coup je suis vieux-jeu, mais honnêtement, le "yaoi", ça apporte quoi à l'histoire ?...

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  3. Hum... je vais laisser répondre Alake d'abord, pi je mettrai mon grain de sel ensuite, même si je pense qu'on sera sur la même longueur d'onde (... ou alors ça voudrait dire que je n'ai rien compris à l'histoire et que je peux aller me pendre! ^___^ )

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  4. Uh... merci Alaiya de me laisser avancer sur cette planche vermoulue en premier XD

    Eh bien... le yaoi... mis à part le fantasme féminin inhérent à la chose (brillamment exposé dans l'article "Yaoi or not Yaoi", je le rappelle :P), à savoir reluquer (ou imaginer) deux (ou plus, gah) bogosses en train de se faire des papouilles dans tous les sens, le yaoi est également pour moi un moyen de ne pas (re)tomber dans un Mary-Suisme horripilant et dont je n'arrive pas à me débarrasser dans mes fics hétéro.

    Car ici, même si j'ai inséré des personnages originaux féminins, d'une ils ne sont pas les personnages principaux de la fic, et de deux, la romance avec les bogosses en question n'est pas leur principal dessein. Du coup, pas de danger.

    Cependant, j'avoue que la romance entre tous ces personnages beaux comme des dieux et follement intéressants sur le plan psychologique est quand même mon moteur premier. Même si je n'ai pas pu m'empêcher de construire un scénario derrière, c'est quand même parti d'une envie de coller Kanon entre les griffes de Loki. Bah voui, chuis yaoiste moi... XD

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  5. Oh ben va falloir que je jette un coup d'oeil là-dessus alors (enfin après mon p'tit retard sur UdC, sur l'EdG, sur l'Ed2B3... :b )

    Parce que le yaoi moi jusqu'à présent... Pas que j'aie quelque chose contre mais le nawakoi ou le yaoi pour le yaoi ne m'intéresse pas des masses à la base. Mais s'il y a une bonne histoire derrière, une trame solide et un brin de sadisme d'auteur... Hmm faudrait voir à voir...

    >> et @ matsya :
    Sans être familier du genre, il me semble que le yaoi est... ben un "genre" littéraire justement. C'est un choix d'auteur, tout comme la comédie, la tragédie, le fantastique... Je pense qu'il n'y a pas à chercher plus loin ce que ça apporte à une histoire sinon de répondre aux attentes de ceux qui aiment ce genre particulier.

    Et ouaip, je confirme que ff.net est complètement saturé par le genre en question. Je ne comprends pas pourquoi le yaoi n'apparait pas dans les critères de classification des fanfics. Ca faciliterait franchement les recherches des lecteurs de passage tout de même... Bon d'accord y a "romance". Mais pas mal de yaoistes semblent négliger cette classifaction par défaut, et je suis sûr que pour d'autres la présence du yaoi est tellement une évidence et une banalité qu'ils se contentent de préciser les genres secondaires...

    *Snaritt, pas en guerre contre la yaoi mais qu'aimerait bien pouvoir choisir plus efficacement ses lectures...*

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  6. GNIAAAHHH.... >>>.<<<

    Firefox vient de me faire un plantage de folie, faut que je recommence tout...

    Bon, à mon tour donc, et pour répondre à Matsya notamment^^

    Pour ne pas refaire l'article sur le yaoi que j'ai déjà fait, je vais me baser sur le cas de SD. J'y vois deux niveaux de yaoi perso:

    - le premier niveau que je considère comme "classique", à savoir qu'une fic du genre yaoi considère que par défaut les personnages masculins sont gays et de fait, l'hétéo est l'exception (Aiolia dans SD par exemple). Disons que c'est un postulat de départ, un fait établi qui ne trouve et qui ne trouvera d'ailleurs jamais d'explications préalables. C'est comme ça, et pi c'est tout :p

    - le second niveau à mon sens est ici transcendé par le scénario, à savoir que c'est le yaoi qui sert l'histoire dans SD et non l'inverse. Je vais devoir spoiler un minimum, mais j'aurais du mal à faire autrement pour le coup :/... L'autre personnalité de Saga revient mais le truc c'est que ce dernier n'en sait rien et surtout ne doit pas le savoir pour des tas de raisons plus ou moins complexe, la première, la plus évidente dirons nous, est que Kanon, qui vient juste de retrouver son jumeau, aimerait que ce dernier récupère aussi sa tranquillité d'esprit. Le pb, c'est que l'autre, un pervers notoire (Alake n'a rien inventé, suffit de zyeuter l'anime pour s'en rendre compte), veut bien accéder à la prière de Kanon, mais à condition que ce dernier le "divertisse". Si c'était là la seule raison, ce serait bien insuffisant. Or le scénario est ainsi fait que les choses ne sont pas aussi simples qu'elles en ont l'air, et qu'il y a bien d'autres raisons autrement plus complexes pour justifier ce harcèlement dont Kanon va être la proie pas franchement résignée, des raisons qui vont foutre tout le monde dans un merdier pas possible et typiquement StS, le merdier d'ailleurs...

    bon, ensuite:

    @Alake: es tu bien certaine que tout danger de May Suisme soit réellement écarté du fait du yaoi? Perso, je ne serais pas aussi catégorique ^^ Ou comment expliquer qu'en ce moment, je sois onnubilée par du Angelo*Shura (et l'inverse... un couple très équilibré :p) à ce point, hein? *_* Plus sérieusement, je me demande si on ne projette pas un peu de nous mêmes sur ces affriolants protagonistes quand même...

    @ Snaritt: oui, ça, de la lecture en retard, tu en as >.<... :p

    Concernant ffnet, totalement d'accord, en ce moment,c 'est l'enfer. Comme il y a 1.5 / 2 ans d'ailleurs. J'espère que ça va se calmer, parce que là, entre les nawaks blindés de fautes, ça va bien 2 minutes, mais j'aimerais bien lire de la qualité quoi! Concernant la classification yaoi, c'est vrai qu'elle n'existe pas en tant que telle, d'un autre côté, 95 % des auteurs signalent que ça en est dans la phrase de présentation de leur fic. A noter en outre que théoriquement, on n'est pas censé balancer sur ffnet du sexuel explicite. Il existe une classification MA, mais je doute que la fic perdure longtemps avec une telle classification. Il existait un moment donné le pendant adulte de ffnet, mais impossible de me rappeler du nom du site.

    bref, heureusement, quelques auteurs se détachent du lot ces dernières semaines, à suivre donc^^

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  7. @ Snaritt : Mais fais, fais, je t'en prie... je serais ravie d'avoir tes commentaires ^^ (bon et puis je ne veux pas me faire de la pub, mais il se trouve que mon premier bêtalecteur était allergique au yaoi en tant que tel, et pourtant... bon, les passages explicites, je les lui censurais, mais à part ça il n'a eu aucun problème pour lire SD... *s'éloigne en sifflottant l'air de rien, en laissant le lien vers SD bien en évidence*)


    @ Alaiya : une fic du genre yaoi considère que par défaut les personnages masculins sont gays et de fait, l'hétéo est l'exception

    Euh... ouais, dans le cas de SD c'est vrai. Mais ça ne l'est pas forcément dans toutes les fics, ou même toutes les oeuvres yaoi en général. Il y en a d'autres où JUSTEMENT, un des protagonistes (voire les deux) est totalement convaincu d'être hétéro, et puis par un concours de circonstances lambda, il se rend compte qu'il est attiré par un autre homme. D'où pas mal d'angst, de questions existentielles et de triturage de cervelle, et d'ailleurs, ce genre de personnage finit souvent par se dire que non il n'est pas gay, il n'est pas attiré par les autres mecs, c'est juste Untel qui lui fait de l'effet... ou comment noyer le poisson XD

    l'autre, un pervers notoire (Alake n'a rien inventé, suffit de zyeuter l'anime pour s'en rendre compte)

    Carrément XD Genre, dans la partie du Sanctuaire, à chaque fois qu'on le voit, il est soit en train de glandouiller dans son bain, soit en train de picoler, soit en train de s'admirer dans un miroir. Donc il est à la fois flemmard, alcoolique et narcissique. Si on y rajoute le reste, à savoir mégalomanie, sadisme & co... mélange détonnant, huhuhuhu.

    es tu bien certaine que tout danger de May Suisme soit réellement écarté du fait du yaoi? Perso, je ne serais pas aussi catégorique ^^

    C'est vrai qu'on peut très bien faire du Mary Sue dans une fic yaoi, je me base simplement sur mon expérience à moi ^^ Personnellement, je trouve qu'il est plus facile de résister à la tentation en écrivant du yaoi, mais il est évident qu'il y a toujours plus ou moins une part de l'auteur dans ses personnages. Mais vu que c'est moins facile de s'identifier à un personnage masculin, il en résulte une certaine distanciation, je suis "narratrice-spectatrice" (dans le sens où la scène se déroule devant mes yeux mais je n'y prends pas part) au lieu d'être "narratrice-actrice" comme dans New Era par exemple, où je m'identifiais pas mal à Ardanna à l'époque où je l'ai créée. C'était une projection de "moi" dans l'univers de Saint Seiya (bon en mieux, hein... faisons pas les choses à moitié, c'est le principe de la Mary Sue quand même :P)

    Après, je dirais que la limite entre l'implication de l'auteur dans les personnages - son interprétation personnelle qui donne de la vie à la fic et fait que tous les Camus, Kanon ou Saga ne se ressemblent pas et ne réagissent pas pareil - et le Marysuisme, est bien mince. On peut tomber de l'un dans l'autre très facilement. Ce n'est pas parce qu'on écrit du yaoi qu'on est totalement débarrassé de ce risque, bien au contraire. Disons qu'il se fait juste... plus discret.

    Pour parler de ta fixette AngeloxShura, grouh y'a quelque chose d'écrit là-dessus ? *perd pas le nord powa XD* Ca serait fort savoureux, surtout que j'aime bien les couples auto-reverse ("équilibrés", comme tu dis :P), c'est plus intéressant que le bon vieux cliché "seme/uke"... plus de possibilités... *regard rêveur*

    Wow, je me rends compte que ce comm est monstrueusement long... en plus il est 12h20, alors je vais m'arrêter là et aller manger ^^

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