La partie II sera en ligne dans le courant du week-end. D'ici là... petite preview, as usual.
Un craquement. Cristallin. La peau et les nerfs d’Aiors n’en ressentirent pas la vibration, anesthésiés comme ils l’étaient par le froid, mais son cosmos, attentif aux appels lointains et ténus qui lui parvenaient, le perçut, sans pour autant en identifier clairement l’origine.
D’ailleurs, le peu d’attention dont il était capable, le Lion la reporta derechef sur son frère. Depuis quelques temps déjà, il en avait reconnu la voix, curieusement déformée par les règles régissant le surmonde. Elle lui était d’abord parvenue par à-coups, avant de se muer en une litanie infatigable. Si les coins de ses lèvres figées par le froid avaient pu se relever, il en aurait souri ; lorsqu’il n’était encore qu’un gosse, son aîné venait chaque matin le tirer du lit en le secouant avec insistance pour l'emmener avec lui à sa séance d'entraînement. Il s'agissait peut-être de la même chose finalement : des années plus tard, Aioros s'évertuait encore et toujours à le réveiller, ou plutôt à le sortir de la stase dans laquelle le cercueil de glace de Camus l'avait plongé.
De cette gangue rigide, Aiors avait également fini par prendre conscience. Du moins une fois que la douleur indescriptible qui l'avait plongé dans une bienheureuse inconscience avait commencé à se modifier. Pas de quoi crier au bien-être absolu, cependant. D’ailleurs, lorsque ses sens avaient manifesté des velléités de réveil, le regain de souffrance lui aurait volontiers arraché un hurlement… s'il avait pu ouvrir la bouche. Mais petit à petit la brûlure du froid avait remplacé celle du feu qu'il n'avait pas réussi – voulu – à maîtriser. Et ce fut lorsque les dernières flammes de son cosmos menacèrent de s’étioler qu'il avait commencé à entendre la voix de son aîné.
Il persistait à s’y raccrocher, tandis que son septième sens concrétisait ses projets de reconstruction. Le corps meurtri du Lion puisait dans ses ultimes ressources, celles que le Verseau avait su sauvegarder par son geste désespéré ; toutes deux encore insuffisantes, force et vigueur lui étaient absolument nécessaires pour lui permettre de se libérer et surtout de rejoindre cette voix qui le réclamait. Et s'il n'y avait eu qu'elle... Derrière la présence d'Aioros, encore et toujours vigilante malgré les exigences des combats qu'il menait de son côté, le cadet des Xérakis devinait celles de ses camarades. Aucun ne s'immisçait pourtant en travers du lien qui l'unissait à son aîné, mais ils exerçaient, chacun à leur niveau, une surveillance, sans doute inconsciente d'ailleurs, de leur camarade. Aiors ne percevait pas leurs voix, à peine leur visage ou leur être, n'avait pas la moindre idée de l'état dans lequel les affrontements les avaient laissés, mais il savait sans pouvoir se l'expliquer qu’eux aussi étaient là, à ses côtés.
Plus loin encore… Impossible ? Et pourtant. La femme qu’il avait laissée derrière lui, à des milliers de kilomètres de là, ne disposait d’aucune des capacités si particulières aux chevaliers d’or, mais son visage se dessinait petit à petit au gré des pensées confuses qu’il commençait à entretenir. Jane ne saurait jamais rien de ce qui se serait passé ici ; mais il lui devait de revenir, à elle qui n’aimait qu’un homme, en lieu et place d’un être du Sanctuaire.
Un nouveau craquement ponctua ses réflexions laborieuses, et une mince, très mince, lézarde naquit à la pointe de son index pour aller courir jusqu'à l'arête acérée, fendillant le coeur du gigantesque bloc de glace. Sous ses paupières fermées, une lueur remplaçait peu à peu le noir absolu. Dorée, elle s'épanouit en taches d'abord disparates, lesquelles se propagèrent bientôt pour ne plus former qu'un seul et unique étendard luminescent, pulsant au même rythme affreusement lent de son coeur. Son cosmos était devenu le centre de son monde intérieur.
D’ailleurs, le peu d’attention dont il était capable, le Lion la reporta derechef sur son frère. Depuis quelques temps déjà, il en avait reconnu la voix, curieusement déformée par les règles régissant le surmonde. Elle lui était d’abord parvenue par à-coups, avant de se muer en une litanie infatigable. Si les coins de ses lèvres figées par le froid avaient pu se relever, il en aurait souri ; lorsqu’il n’était encore qu’un gosse, son aîné venait chaque matin le tirer du lit en le secouant avec insistance pour l'emmener avec lui à sa séance d'entraînement. Il s'agissait peut-être de la même chose finalement : des années plus tard, Aioros s'évertuait encore et toujours à le réveiller, ou plutôt à le sortir de la stase dans laquelle le cercueil de glace de Camus l'avait plongé.
De cette gangue rigide, Aiors avait également fini par prendre conscience. Du moins une fois que la douleur indescriptible qui l'avait plongé dans une bienheureuse inconscience avait commencé à se modifier. Pas de quoi crier au bien-être absolu, cependant. D’ailleurs, lorsque ses sens avaient manifesté des velléités de réveil, le regain de souffrance lui aurait volontiers arraché un hurlement… s'il avait pu ouvrir la bouche. Mais petit à petit la brûlure du froid avait remplacé celle du feu qu'il n'avait pas réussi – voulu – à maîtriser. Et ce fut lorsque les dernières flammes de son cosmos menacèrent de s’étioler qu'il avait commencé à entendre la voix de son aîné.
Il persistait à s’y raccrocher, tandis que son septième sens concrétisait ses projets de reconstruction. Le corps meurtri du Lion puisait dans ses ultimes ressources, celles que le Verseau avait su sauvegarder par son geste désespéré ; toutes deux encore insuffisantes, force et vigueur lui étaient absolument nécessaires pour lui permettre de se libérer et surtout de rejoindre cette voix qui le réclamait. Et s'il n'y avait eu qu'elle... Derrière la présence d'Aioros, encore et toujours vigilante malgré les exigences des combats qu'il menait de son côté, le cadet des Xérakis devinait celles de ses camarades. Aucun ne s'immisçait pourtant en travers du lien qui l'unissait à son aîné, mais ils exerçaient, chacun à leur niveau, une surveillance, sans doute inconsciente d'ailleurs, de leur camarade. Aiors ne percevait pas leurs voix, à peine leur visage ou leur être, n'avait pas la moindre idée de l'état dans lequel les affrontements les avaient laissés, mais il savait sans pouvoir se l'expliquer qu’eux aussi étaient là, à ses côtés.
Plus loin encore… Impossible ? Et pourtant. La femme qu’il avait laissée derrière lui, à des milliers de kilomètres de là, ne disposait d’aucune des capacités si particulières aux chevaliers d’or, mais son visage se dessinait petit à petit au gré des pensées confuses qu’il commençait à entretenir. Jane ne saurait jamais rien de ce qui se serait passé ici ; mais il lui devait de revenir, à elle qui n’aimait qu’un homme, en lieu et place d’un être du Sanctuaire.
Un nouveau craquement ponctua ses réflexions laborieuses, et une mince, très mince, lézarde naquit à la pointe de son index pour aller courir jusqu'à l'arête acérée, fendillant le coeur du gigantesque bloc de glace. Sous ses paupières fermées, une lueur remplaçait peu à peu le noir absolu. Dorée, elle s'épanouit en taches d'abord disparates, lesquelles se propagèrent bientôt pour ne plus former qu'un seul et unique étendard luminescent, pulsant au même rythme affreusement lent de son coeur. Son cosmos était devenu le centre de son monde intérieur.
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